Après avoir attendu que le client sorte du café avec son achat, je prend mes choses (incluant la tasse vide) et me dirige vers le comptoir. Avec un sourire un peu niais je lui dit :
- Je crois que vous avez oublié de remplir ma tasse.
- Oui, bien sûr. Désolé. (Plutôt froid, je ne peux le blâmer.)
Je pose mon livre sur le comptoir et m’assoies sur une des chaises hautes qui le borde.
- Désolé pour tout à l’heure. Je ne sais pas ce qui m’a pris de vous refuser une conversation. Les journées doivent être longues lorsque le café est désert?
- Oui, en effet.
Un silence un peu inconfortable s’installe. Trouve quelque chose à dire, vite. Mais quoi? La panique s’installe dans ma tête. N’ait pas l’air idiote une seconde fois tout de même.
- Alors quel est ce livre?
- Quoi?
- Quel est ce livre qui te passionne au point de ne pas vouloir discuter avec les gens?
- Ah, euh, c’est un peu gênant en fait.
A ce moment il prend mon livre, lit le titre et me regarde avec son sourire moqueur.
- Harlequin… je vois.
- Je sais, ce n’est pas Shakespeare, mais j’aime bien une lecture légère pour me changer les idées.
- Pourquoi pas une discussion légère pour te changer les idées? (Est-ce que j’imagine le sous-entendu ici?)
- Pourquoi pas? (Bon, mon cerveau reprend le dessus. J’arrive à répondre avec cohérence.)
- Je m’appelle Martin.
- Et moi, Zoé.
- Enchanté Zoé. Alors tu aimes les romans Harlequin? Qu’est-ce qui t’attire dans ces romans. (Plutôt direct le petit Martin… mais comment refusé une réponse à ces yeux noisette qui me fixent intensément?)
- Le rêve, l’évasion, me mettre dans la peau de l’héroïne pendant quelques heures et vivre avec elle ses aventures.
- Tu n’as jamais pensé appliquer les techniques de pêche de Marie?
- Marie?
- L’héroïne du roman. (Quoi? Il a lu ce roman?) Tu as lu ce roman?
- Oui.
- Tu lis des Harlequins?
- Mieux encore, j’en écris.
Clin d’oeil à faire fondre et regard plein de sous-entendus, il m’avoue écrire des Harlequins. Je veux craquer.
- Tu te moques de moi?
- Pas le moins du monde. Mais contrairement à la plupart des écrivains d’Harlequin, je vis toutes mes histoires. Je monte mes scénarios, trouve une « victime » consentante et joue le scénario.
- Et tu en as écris beaucoup?
- Une dizaine. Le prochain se passe justement dans un café… ma « victime » devait être toi, mais tu m’a reçu froidement lors de ma première tentative d’approche.
- Première tentative? Tu aurais essayé de nouveau?
- Pourquoi croit tu que j’ai laissé ta tasse vide?
Je n’en revenais pas. Martin, le serveur qui m’attire depuis ce matin, est en fait un écrivain de romans Harlequin qui m’a choisi pour "jouer" dans son prochain scénario. Suis-je bien réveillée? Peut-être que je lis trop de romans à l’eau de rose…
- Alors, ça t’intéresse d’être ma victime consentante?
- Euh, je ne sais pas quoi dire. (Comment je ne sais pas quoi dire? Ma libido est a 110%, j’ai de la misère à retenir mes pulsions sexuelles qui me pousse vers cet homme et je ne sais pas quoi dire?)
- Rien ne t’y oblige.
- Ah, et pourquoi pas?
Et la comme si je venais de prononcer une formule magique, Martin se dirige vers la porte, la ferme à clé et met en place l’inscription Fermé. Il se retourne et me regarde avec toute la sensualité dont il déborde. Doucement il enlève son chandail laissant apparaître un torse nu et dénudé de poils. Ses jeans sont suspendus à ses hanches, laissant entrevoir un avant goût de ce qui se trouve plus bas. Mon coeur accélère le rythme ou saute quelques battements, je ne sais plus. Je ne peux pas croire que je sois dans un café, en pleine matinée, avec un serveur à demi nu qui ne cache pas son désir pour moi.
Martin se dirige vers le comptoir, sors une bouteille de vodka et me propose son Élixir d’amour à la vodka. J’accepte avec joie. Il me sert un breuvage rouge sur lequel flotte un pétale de rose. Le goût est exquis. J’en bois quelques gorgées et mes inhibitions commencent à se dissiper. Martin n’a pas manqué de le remarquer. La conversation va bon train avec les sous-entendus qui se font de moins en moins subtiles. Quand Martin me propose d’enlever mon chandail pour avoir une conversation à nue, je ne me fais pas prier. L’alcool aidant, je lui fait le plaisir de ma poitrine en soutien-gorge. Quelle chance que j’aie mis le noir en dentelle ce matin.
Martin me propose un deuxième élixir d’amour que je refuse poliment. Il prend ma main de derrière son comptoir et la baise. Ses yeux remontent et nos regards se croisent. Je n’ai qu’une envie, l’enlacer et ne faire plus qu’un avec cet être irrésistible. Au moment où je crois que je vais céder à la tentation, il décroche son regard et relâche ma main. Il monte sur le comptoir, me demande de m’asseoir à une table et m’offre un spectacle à faire rougir.
Sans dire un mot il se met à se dandiner sur la musique douce qui joue dans le café depuis mon arrivée. Il enlève son pantalon sans me lâcher du regard une seconde. Sa main monte et descend sur son torse nu, son bassin fait des mouvements de va et vient. Ma poitrine est tendu, mon souffle est court, je le désire de tout mon être. Sa main descend vers son caleçon, entre à l’intérieur comme pour vérifier que tout y est. Satisfaite, elle en ressort et entreprend de descendre le caleçon. Son sexe est bien là, à demi rigide. Je n’ai qu’une envie, le rendre aussi dur que possible. Il fini sa danse érotique et me rejoint. Je suis tellement excitée que je ferais n’importe quoi. Il le sent. Il me demande de faire une danse à mon tour.
Sans réfléchir, je me lève et lui fait la plus suave de toutes les danses, juste là, devant lui, sans même monter sur le comptoir. Il est assis sur la chaise que j’ai libérée, à quelques centimètres de moi. Je vois son corps nu réagir à mes mouvements. Je vois son membre se durcir. Soudain il se lève et m’enlace de ses bras. Nos bouches se rejoignent, nos corps s’accordent et continuent à l’unisson une danse sexuelle digne d’en faire rougir plus d’un.
Après ce moment intense, nous nous rhabillons, le café ouvre ses portes et je retourne chez moi. Je n’ai pas la moindre idée si Martin écrit véritablement des romans Harlequin, mais ça n’importe peu. Le moment passé était si exquis que je recommencerais n’importe quand. Je crois que je vais devenir une habitué du Café de la Rose Rouge.
© 2007 Provence
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