Pierre Ajon


La citadelle s’endormait. Le jeune bibliothécaire Pierre Ajon farfouilla au fond de la poche de son pantalon de toile trop court. Après avoir fait tomber et ramassé un vieux mouchoir, des petits bonbons à l’anis et quelques notes griffonnées sur des papiers de gâteaux, il réussit à trouver son trousseau de clés.

Il entra dans l’édifice désert. Et impressionnant. A travers les vastes baies vitrées, on voyait clignoter des enseignes de pubs, de magasins de sex-toys, de bars érotiques. Il n’osa pas allumer les lumières. Il fouilla dans la poche de sa veste trop grande et en sortit une lampe torche. Il promena un petit peu le faisceau lumineux à travers la vaste pièce comme pour s’assurer qu’il ne dérangeait aucun ange. Les manuscrits médiévaux se trouvaient à l’étage de la réserve. Il monta timidement les marches de fer. Une fois à l’étage, il ouvrit une grosse porte en chêne. A l’intérieur de la pièce, il souffla et put enfin allumer. Les baies vitrées étaient fermés par de lourds rideaux de velours rouge sombre. Tendu, il s’avança vers les étagères accueillant les précieux ouvrages. Fébrilement, il en consulta quelques-uns du bout du doigt et trouva enfin celui qui l'intéressait. Il s’installa à une table et commença à recopier quelques bribes sur une feuille.


“Et que est ce en mi cest pré,


ceste fosse soeve et plaine?


- Ce est, fait ele, ma fontaine,


qui me sort mie tot adés.”


Au clocher de l’énorme cathédrale de la citadelle, deux coups résonnèrent. Le jeune bibliothécaire Pierre Ajonc était à présent bien installé et ne se souciait plus de grand chose, passionné qu’il était par ce qu’il recopiait. Soudain, il entendit craquer les marches de l’escalier qui menait aux combles. Le crayon en l’air, les yeux écarquilles, Pierre Ajonc attendit. La porte s’ouvrit. Le jeune bibliothécaire se retourna brusquement, le crayon toujours en l’air. “Ah c’est vous!” dirent-ils en même temps. “Il m’a semblé voir de la lumière et comme je loge au-dessus...” “... Ah tiens, vous logez au-dessus? Heu, je passais prendre quelques notes pour un, heu, travail.” Élise était pieds et jambes nus avec un gros pull-over qui lui descendait à mi-cuisses. “Écoutez, montez donc boire une tasse de thé!” Pierre Ajonc se leva tel un ressort, ferma le manuscrit, le rangea en prenant bien soin de ne pas en exhiber la couverture, enfourna ses feuilles dans la poche de son pantalon et, raide comme un piquet, se mit à suivre la jeune femme. Ils grimpèrent donc tous deux aux quartiers de la demoiselle. Autour de la petite table ronde et du service en porcelaine, une conversation courtoise et anodine s’engagea. Pierre Ajonc ne semblait pas vraiment à l’aise alors qu’Elise l’était tout-à-fait. Puis au bout d’un moment, la jeune femme lui demanda: “Sur quoi portent donc vos travaux?” Le jeune bibliothécaire bredouilla: “Oh, c’est sur des fabliaux, rien de bien passionnant” et il se mit à rire d’un rire parfaitement ridicule. “Oh, mais ça m’intéresse vous savez, j’aimerai beaucoup que vous me montriez vos notes, enfin, si ça n’est pas indiscret bien-entendu”. Le jeune bibliothécaire se resservit une tasse de thé, en mit la moitié à côté de sa tasse, se brûla la lèvre avec le liquide bouillant, en recracha une partie sur la nappe ornée de dragons et, ne voyant vraiment pas ce qu’il pouvait faire d’autre, s’exécuta. Il sortit de sa poche quelques pages chiffonnées. “Et bien, si cela vous intéresse vraiment” murmura t’il extrêmement gêné. Le plus impassiblement du monde, Élise pris sa chaise et vint s’asseoir tout à côté de Pierre Ajon.


“-Tu m’as ore bien portatee,


fait la pucele, Davïet!”

 

“C’est terrible, je ne comprends pas bien le français médiéval, pouvez-vous traduire s’il-vous-plaît?” Le jeune bibliothécaire bredouilla d’une voix rauque:


“-Maintenant, fait la pucelle,


tu m’as bien tâtée partout, David!”


“J’imagine que connaître le latin doit vraiment aider à la compréhension, et ceci?:


“Lors li reprist a demander


et ses choses a detaster,


tant qu’el l’a par lo vit saisi


et demande: “Que est ici,


Davïet, si roide et si dur


que bien devroit percier un mur?”


“Alors elle commença à lui poser des questions


et à tâter ses choses


jusqu’à ce qu’elle l’ait saisi par le vit:


“Qu’est-ce que c’est, ici, David, demande-t-elle,


si raide et si dur


qu’il pourrait bien percer un mur?”


“C’est drôle, il y a tout de même certains mots que l’on emploie encore à l’heure actuelle, non?” Le jeune bibliothécaire avait à présent très chaud, surtout que la jeune femme très absorbée par l’étude de texte, s’était encore rapprochée et qu’il pouvait sentir sa cuisse tout contre la sienne.


“Cele remest aval sa main


si trove la coille velue:


les deus coillons taste et remue,


si redemande: “Davïet,


que est or ce, en ce sachet,


fait ele, sont ce deus luisiaus?”


Daviz fu de respondre isniaus:


“Dame, ce sont dui mareschal,


qui ont a garder mon cheval,


qant pest en autrui compagnie.


Ton jorz sont en sa compeignie:


de mon polain garder sont mestre.


-Davi, met lou en mon pré pestre,


ton biau polain, se Deus te gart.”


Et cil s’an torne d’autre part:


sor lo paignil li met lo vit.”


Pierre Ajon tenta de traduire d’une voix à peine audible. Quelques perlettes de sueur étaient apparues sur son front. La main d’Elise était à présent sur sa cuisse tout prés de l’aine. “Les constructions de phrases ne sont pas évidentes.” Dans un ultime effort, le jeune bibliothécaire Pierre Ajon s’écria: “Je dois rentrer, il doit se faire tard, non?” Mais il ne réussit absolument pas à se lever de sa chaise. Et lorsque brusquement, Élise retira son pull de nuit et qu’elle s’installa parfaitement nue sur ses genoux, il ne put que gémir et s’abandonner à son baiser. Et à ce qui suivit, bien entendu.


le 02/01/2008 par Armel Philip

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