Professeur Sylvestre 1
Les rues de la citadelle étaient encore animées. C’était la faune du soir qui tournait et virait de pubs souterrains en bars de plein air, de boîtes de nuit en guinguettes électroniques au bord du fleuve violet.
Le professeur Sylvestre était un des derniers à sortir de la grande bibliothèque. Fatigué et la tête encore pleine de textes et d’enluminures médiévales, il décida d’aller prendre un remontant avant de rentrer chez lui. Il marcha, hésita puis entra au “Vénus Paradise”.
Atmosphère enfumée. Parfums entêtants et épicés. Décoration vulgaire. Une grande femme blonde à peu près nue se contorsionnait sur une plate-forme blanche. “Ça doit être épuisant” se dit le professeur Sylvestre en s’écroulant dans un fauteuil rouge constellé de brûlures de cigarettes. Il commanda un curaçao-vodka. On lui apporta. Il but la première gorgée en fermant les yeux. Lorsqu’il les rouvrit, il vit qu’on venait d’allumer les projecteurs sur une scènette un peu pourrie. Un lit à barreaux de cuivre était éclairé de rouge. On avait tendu des estampes représentant des scènes du Kamasutra sur un fond bleu-nuit. Une jeune femme rousse, habillée d’une chemise et de bottes de mousquetaire, se présenta sur scène, un vibromasseur à la main.
“Quelle chaleur et quelle attente! A cette heure, il m’est besoin d’un peu de détente.” Là-dessus, elle déposa son accessoire érotique au pied du lit et s’allongea en prenant bien soin d’écarter les jambes. “Mais pourquoi ne porte-t-elle pas de pantalon?” se dit le professeur Sylvestre que cette entrée en matière n’avait visiblement pas sorti de ses manuscrits poussiéreux. Survint alors une autre jeune femme, brune cette fois-ci, simplement vêtue de divers bijoux corporels et de sabots de bois. “Bon sang, mais quel est ce gode ? Aurais-je loupé un épisode? Que fais-tu ainsi alanguie ma poudre d’amour ? Te tenteraient-ils des jeux coquins mon petit four ?” Le professeur Sylvestre se racla la gorge et avala une autre gorgée. La jeune femme aux cheveux bruns saisit alors l’objet et entreprit de donner du plaisir à sa collègue. “Sentez-vous mon accessoire coquin ? Je viens tout juste de le présenter à votre vagin. Mais il me semble qu’avec une paire de menottes, vos émotions n’en seraient que plus fortes.” Elle trébucha un peu dans ses sabots de bois puis attacha sa partenaire avec des menottes en velours aux barreaux du lit.
“Qu’est-ce que c’est que ces chaussures ridicules?” se demanda le professeur Sylvestre qui paraissait manifestement peu ému par la qualité du spectacle. “Oh! Ma Vénus, je crois distinguer votre râle et c’est pour moi un stimulateur idéal.” Et la jeune femme aux sabots et bijoux de corps agita de plus belle son objet érotique entre les jambes de la mousquetaire.
Après divers gémissements et cris stridents à en faire exploser les lampes tamisées, le rideau tomba sur la scènette et sous les applaudissements d’un public rare et averti. Le professeur Sylvestre se leva, paya son verre et sortit. “Je n’ai absolument rien compris à ce spectacle” se dit-il. Puis il traversa la rue illuminée.
le 21/04/2007 par Armel Philip
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